La caduta di Venezia: il resoconto autografo del generale Bonaparte
Bonaparte rédige ce récit fin juin 1797, pour justifier l'occupation de Venise, se glorifier des préliminaires de paix et dissuader toute opposition. Le destinataire de ce rapport très orienté n'est pas connu, mais le document démontre l'habileté du jeune général de 27 ans à manipuler les situations et à construire sa propre image. [...]
A la manière de la Guerre des Gaules, Bonaparte accumule les références latines pour convaincre qu'il réédite en Italie les hauts faits militaires de l'Antiquité et que son destin est infaillible. A l'instar de Jules César, il relève ses actions à la troisième personne, avec un laconisme qui renforce la démonstration de son efficacité. Son "aspect" (traduction littérale utilisée de préférence à "sa vue") suffit à ramener le calme "à peu près comme les vents de Virgile à l'aspect de Neptune". "Bonaparte fit le manifeste si connu". Il veut "appaiser les mânes de ses frères d'armes". Enfin, "Bonaparte comme à son ordinaire épargna le sang". Il souligne de sa main qu'il a "fait faire la paix".
César ne serait-il pas aussi l'inspirateur du projet machiavélique et délibéré de Bonaparte de provoquer la guerre avec la République de Venise, de l'occuper et d'évincer son gouvernement, de façon à faire place nette pour la cession à l'Autriche? A Sainte-Hélène, Bonaparte dictera un Précis des guerres de César montrant ses affinités avec les calculs stratégiques et politiques du célèbre général romain. En remplaçant César par Napoléon et Rome par Révolution, l'empereur déchu n'aurait-il pu s'appliquer à lui-même cette formule révélatrice: "L'autorité de César était légitime parce qu'elle était nécessaire et protectrice, parce qu'elle conservait tous les intérêts de Rome, parce qu'elle était l'effet de l'opinion et de la volonté du peuple"? [...]
Bonaparte dresse de Venise le tableau d'une oligarchie usée et décadente, lâche, dangereusement perfide et abritant une populace incontrôlable. Les "10 000 esclavons" (qui évoquent le célèbre quai des Esclavons de Venise) désignent les Slaves du Sud qui combattaient pour la Sérénissime. Simultanément, Bonaparte pratique la politique du fait accompli: l'occupation, le gouvernement provisoire, puis les négociations de paix.
Bonaparte mystifie non seulement les Vénitiens, mais aussi le Directoire, en jouant sur l'opinion française, qui aspire à la paix. A l'été 1797, si le Directoire s'oppose aux négociations de paix, il se perd immédiatement dans l'opinion, qui le rendra responsable de la reprise de la guerre. Bonaparte veille lui-même à mettre en scène ses capacités à administrer et à légiférer, aussi bien que son génie militaire tout en jouant de son physique frêle et de sa simplicité.
Mais le "vaincœur" sait aussi faire pression en menaçant d'un retour de l'armée à Paris. L'apostrophe comminatoire au groupe royaliste de Clichy, "Si vous y obligez, les soldats d'Italie viendront à la barre de Clichy avec leur général; mais malheur à vous!", sera suivie de l'envoi, en août 1797, du général Augereau pour occuper militairement Paris et soutenir le gouvernement du Directoire. En réalité, Bonaparte n'ignorait pas que la perspective de son retour à Paris, en pleine gloire, à la tête de ses légions, inquiéterait aussi le Directoire!
[Tratto da: Luce-Marie Albigès, Bonaparte relate la prise de Venise, «Histoire par l'image (en ligne)», consulté le 21 juin 2020. Url: histoire-image.org/fr/etudes]
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Cfr. anche: Luce-Marie Albigès, Bonaparte et la propagande pendant la campagne d'Italie, 2003, «Histoire par l'image (en ligne)» | histoire-image.org/etudes/bonaparte-propagande-campagne-italie